Les murs mûrs aux cimaises du Tempo
JEAN-FRANÇOIS AUBERT
PHOTOGRAPHIE - Avec son exposition dans un bistrot atypique d’Yverdon, Patrick Wurlod propose au visiteur une évasion à travers ses images insolites.
Dès le seuil passé, le Café Tempo, à Yverdon, imprègne le visiteur de son ambiance d’une autre époque. Et de son architecture d’ailleurs, mélange subtil entre un vieux bistrot français et un café marocain. Quatre ou cinq tables seulement meublent la salle coiffée de poutres apparentes. Derrière une épaisse cloison percée de deux larges embrasures, une autre pièce, minuscule. Un canapé un peu essoufflé, une table au plateau en mosaïque. Sur les murs jaune provençal un peu passé, une trentaine de photographies en couleur, grand format. Quelques spots un peu «miquelets» peinent à les mettre en valeur de leur faisceau dans cet espace trop exigu.
Pérégrinations fructueuses
C’est ce cadre qu’a choisi notre collaborateur Patrick Wurlod, journaliste sportif et photographe par passion, pour son exposition de clichés dont le vernissage a eu lieu samedi après-midi. Sur le thème Les murs mûrs, l’amateur de clichés a rassemblé et accroché une trentaine (parmi des centaines) de ses clichés coups de cœur: «j’aime les jeux de mots. Je montre des murs qui ont vécu. Malmenés, fendillés, écorchés, rafistolés, ils parlent, nous parlent. Il suffit de les regarder, de les écouter. Et même si l’on ne sait rien d’eux, tout est permis pour que l’imagination vagabonde au-delà des pierres, crépis et peintures. » Des instantanés saisis au cours de ses pérégrinations (Suisse, France, Thaïlande, Malaisie, Maroc…) qu’il a décidé de montrer au grand jour.
Fortes par le contraste des couleurs, pétillantes par l’originalité des sujets, ces images «expriment ma manière de saisir le moment, de sentir les odeurs, de restituer les saveurs de percevoir le calme, la sérénité». Pour cet écorché, la photo est presque une thérapie: «A travers elle, je m’extériorise, j’ose dire ce que je tais. Elles sont le reflet de mon caractère. »
«Quand la passion t’habite, tu vois le monde à travers un objectif sans appareil devant les yeux. » Un cri du cœur qui traduit clairement sa manière d’appréhender l’image, la lumière, les clairs et les obscurs, le cadrage: «Pour moi, un ensemble n’exprime que peu de chose. Ma conception de l’image consiste à isoler un détail de son contexte. L’impact est d’autant plus puissant que le cadrage est serré. » Cette mise en valeur d’un élément clé du sujet a pour effet de gommer toute identité géographique: Porte sur cour, Fissure du temps, Ma bande pot’s, Bleu sinueux, et toutes les autres en sont la preuve… par l’image.
JEAN-FRANÇOIS AUBERT
Note: Expo jusqu’au 31 mars, le Tempo, quai de la Thièle 3 (ou rue de Neuchâtel, face à la Migros), Yverdon.